Ce toit si cher qui met à découvert les plus fragiles (08/03/2023)

habitat.JPGQuand les acteurs du logement social parviendront-ils à se faire entendre des élus et de nos gouvernants. Si des améliorations ont été apportées, elles ne permettent pas d’atténuer la pauvreté que subissent les plus vulnérables. 

Le coût du logement n’est pas étranger à une situation sociale tendue, liée à de graves iniquités, d’où une détresse pour les plus pauvres et une amertume pour les classes moyennes. 

Quand la charge du logement dépasse plus de 50 % du budget familial – et parfois bien plus   il s’ensuit inévitablement des conditions de vie inacceptables, mettant en péril les foyers et leur santé physique et psychique. 

La pauvreté est une violence à laquelle le coût excessif du logement, plus encore son absence, contribue largement.

Impensable de continuer plus longtemps à rechercher des alibis, des compromis qui ne peuvent en aucune façon introduire un mieux-être, tant la crise prégnante est aggravée par l’inflation, le coût des nouvelles constructions (près de 30 % d’augmentation), la charge foncière qui explose. 

La crise énergétique impose, non sans pertinence, de mettre un terme aux passoires thermiques. L’année 2034 marquera l’interdiction de louer les logements qui ne seront pas mis aux normes ; 10 années pour rénover près de la moitié du parc locatif privé, un défi. Le relèverons-nous. 

Sans aides financières spécifiques, que de copropriétaires se trouveront alors en difficulté pour le financement des travaux. Un risque avéré auquel il faut être attentif pour que ces immeubles ne viennent pas amplifier le nombre des copropriétés dégradées, représentant déjà plus d’un million de logements.

Comment en finir avec ce mal-logement auquel nous nous sommes habitués, si bien que ce mal qui cogne les plus pauvres, fût-il répété à l’envi, n’imprime aucune des mesures nécessaires pour réduire la souffrance qu’il suscite.

Le diagnostic est trop grave pour que le palliatif ait sa place, sauf à condamner nos concitoyens à attendre toujours plus un habitat décent. Construire moins serait considérer les plus fragiles comme la variable d’ajustement des équilibres financiers !

L’heure n’est pas de dénoncer mais d’énoncer des propositions concrètes dont la première, fût-elle un serpent de mer, est une diminution drastique des centaines de milliers de logements vacants. Ne se situent-ils pas au cœur des villes, là où la diversité sociale se révèle une chance d’intégration.

Ce patrimoine dort, sans utilité sociale alors que, dans le même temps et quotidiennement, trop de personnes sont condamnées à faire le 115 pour trouver un lieu où reposer leur tête. Un tel constat dit combien les liens de citoyenneté sont bafoués. 

Sur ce drame tout a été dit, mais tout n’a pas été fait. Une imposition s’impose à partir de la deuxième année d’inoccupation d’un logement, sauf raison majeure, le produit de cette taxe venant subventionner le logement très social (PLAI – PLUS).

Le livret A et le livret de Développement durable et solidaire retrouvent la faveur des épargnants de par la remontée des taux de 0,5% à 3%, ce qui ne facilite pas la construction du logement social. La capitalisation de ces deux véhicules de placement est de plus de 500 Mds d’euros. Il n’y a pas lieu de pleurer cette capacité financière mais de l’investir pour réduire la pauvreté dont le logement est la cause première.

Le marché des bureaux est appelé à d’importantes mutations. Il y a ici une ouverture pour une transformation des surfaces en logements sociaux et intermédiaires à Paris et dans les grandes métropoles. Encore faudra-t-il mobiliser l'épargne populaire et solidaire pour en assurer le financement.

Enfin, la nécessaire équité pour parvenir à des relations justes entre les citoyens, appelle que l’enrichissement sans cause soit éradiqué. Qui peut contester que les investissements de l’Etat et des Collectivités Locales (transports en commun, espaces culturels, sportifs) entraînent une explosion du prix du foncier, d’où des plus-values excessives qui doivent être taxées et fléchées vers le financement du logement intermédiaire et très social.

Veillons à prendre la mesure que les classes moyennes ne parviennent plus à se loger dans les centres-villes et métropoles. Or, elles participent grandement à un équilibre social en offrant un accompagnement aux plus fragiles. 

La liberté du marché doit avoir une limite, celle du bien commun qui, déserté, brûle la cohésion sociale.

BernardDEVERT-reduit.jpgBernard Devert
Président du Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées
Mars 2023

 

 

Bonus

Construire son nid : un besoin existentiel !

17:06 | Lien permanent | Commentaires (0)